~ La presse ~

Les textes publiés qui citent Camille AMOURO

Contribution
~ Contribution de Camille Amouro (Bénin) au Colloque de Bamako « L’Afrique entre tradtion et modernité » ~ Afrique-gouvernance : Lire le dossier

Fiche Personne

Archives
~ ... l’un de ces auteurs africains qui ont fait le pari de rester sur le continent pour créer et promouvoir la littérature. ~ Africultures : Lire tout

Rita de Parakou

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~ ... Une publication à déchiffrer surtout en tant qu’étudiant pour améliorer sa stylistique tout en vivant surtout le côté humoristique des écrits de cet auteur qui s’est investi depuis 1990 dans la formulation du Salamè. ~ Asticmedia : Lire le billet

La Médiathèque des diasporas

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~ Un espace de liberté et d’échanges. La Médiathèque des diasporas apparaît comme un lieu incontournable d’intense foisonnement intellectuel en marge de tout conformisme. ~ Asticmedia : Lire la suite

Le pasteur et le gendre de la sorcière
~ Les conversations contenues dans ce récit ont eu lieu dans la nuit de la pleine nuit, au treizième mois du premier grand délestage continu au Bénin. Cette nuit-là, dans notre quartier, la grande finale du tournoi interclubs d’Aji devait opposer le plus ancien de nos joueurs, Le Directeur, au champion interclubs de la saison précédente : Adékambi. ~ Journals.openedition : Texte complet

L’économie est culturelle
~ Camille Amouro propose ici un extrait d’un rapport qu’il a produit au Ministère de la culture, de la jeunesse et des sports, en novembre 2006 sur une imminente augmentation de la production par trois types de réglementations... ~ La nouvelle tribune : Texte complet

Entretien avec Camille Amouro : Le peuple ne peut pas être innocent
~ D’abord, cette pièce n’était pas destinée au FIRHEB. C’est une commande pour un théâtre dans la région lyonnaise. ~ Bamigbade blogspot : Article complet

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Contribution de Camille Amouro (Bénin) au Colloque de Bamako «L’Afrique entre tradtion et modernité»

Par Camille Amouro (Bénin, novembre 2006)

Le 24 juillet 2006, un ancien ministre des finances du Bénin a été arrêté. L’événement a fait immédiatement coulé beaucoup de salives. La presse et Radio Trottoir l’ont largement relayé. Au cours d’une perquisition, la police aurait découvert chez cet individu l’équivalent de plus de deux cent millions de francs CFA en monnaie locale et en devises ainsi que quatre bidons d’un liquide non encore identifié. Plusieurs versions se sont succédées sans qu’aucune éclaire réellement sur les causes réelles de cette arrestation. Détournement de dénier public, sur la base de la dénonciation anonyme d’un trafiquant de stupéfiant, fouille et prise d’une importante quantité de cocaïne et d’importantes devises, prise d’une poudre blanche en cours d’analyse ainsi qu’une importante somme d’argent, poudre blanche qui serait probablement de la fausse cocaïne, et, enfin, quatre bidons d’un liquide…

Quoi qu’il en soit, l’ancien ministre des finances est arrêté et cet épisode des scandales politico financiers qui alimentent désormais la vie publique béninoise témoignent de l’absence de transparence dans la gestion judiciaire de l’Etat.

Dans une atmosphère de paupérisme généralisé qui coïncide fort curieusement avec le relèvement de la croissance économique, avec une urbanisation d’autant plus criarde qu’elle expose sans hypocrisie les contrastes, avec aussi le train de vie d’une bourgeoisie nouvelle, jeune, dynamique, fonceuse, encore une fois, la grande majorité de la population se résigne dans le salamè . En fait, le Renouveau démocratique béninois a engendré une nouvelle classe de riches, sujette à toute la mythologique actuelle : trafic de drogue, vol et vente d’organes sexuels, assassinats rituels, sacrifices d’éléments corporels, généralement associés à des immunités parlementaires ou à des protections au niveau le plus élevé de l’Etat. C’est que ces nouveaux riches se sont imposés sur la base de relations évidentes ou supposées avec le pouvoir politique et l’on pense qu’ils le contrôlent désormais.

Pour dire les choses rapidement, du point de vue de la gouvernance, il y a aujourd’hui deux Bénin. Il y a l’Etat, que l’on peut assimiler à ce que Levis-Strauss appelle un mot mana, c’est-à-dire un machin des francophones de Cotonou. Et il y a le pays avec ses habitants. La seule relation objective entre les deux, c’est que périodiquement, ces francophones de Cotonou vont payer les gens du pays afin que ces derniers votent pour eux.

On remarquera d’ailleurs que ces votes ne sont basés sur aucun programme. Et pour cause : s’il y avait un programme, c’est qu’il concernerait la gestion de l’Etat, ce qui ne représente rien pour la population. Par ailleurs, même au sein des francophones de Cotonou, les programmes ne peuvent rien signifier dans la mesure où le débat politique n’aborde jamais les questions essentielles d’orientation économique ou de conception culturelle de la société actuelle. Les recettes fiscales représentent plus de quatre-vingt-dix pour cent des recettes budgétaires et aucun débat sérieux n’est mené pour réfléchir sur les moyens de diversifier ces recettes. Huit citoyens sur dix au moins, ignorent qu’ils paient la TVA sur la majorité des produits de consommation. Ils pensent plutôt que l’argent vient des institutions internationales et ne savent pas que l’Etat dépense ce qu’il gagne. Il y a un SMIG, mais plus de la moitié des travailleurs sont payés en dessous et l’ignore d’ailleurs. Dans ces conditions, les gouvernements successifs naviguent à vue et l’ingérence des institutions financières internationales, dans la mesure où elle s’opère au plan macro-économique, ne peut pas tenir compte des besoins réels de la population. L’Etat n’intéresse que les gouvernants, à titre individuel, dans un souci de profit. De temps en temps éclate un scandale sans que l’on comprenne vraiment les tenants et les aboutissants. Quelques arrangements politiques plus loin, ces mêmes scandales se dissipent et l’on parle beaucoup d’impunités sans jamais savoir, de manière précise, par rapport à quel délit.

Un livre ne suffirait pas pour décrire la mal gouvernance au Bénin. Il me semble d’ailleurs qu’à quelques différences près, la situation ne doit guère être fondamentalement différentes dans les autres pays de notre région.

On pense que l’élection de Yayi Boni à la tête du Bénin en mars 2006 est le fait d’éléments objectifs qui ont permis l’émergence d’une vie politique relativement stable, d’un certain nombre de points forts du système, dont le respect aboutit à un certain calme. Le partage équilibré des pouvoirs de la République, la liberté d’association qui entraîne l’existence de plusieurs dizaines de partis politiques, le rôle des médias, la pression des syndicats, le respect des Droits de l’homme, un statut reconnu de l’opposition, bref, tout l’arsenal volontariste d’une ambiance qui suscite la quiétude des Béninois, tout en donnant à l’extérieur une image positive du pays. Réduire l’évolution sociale et politique du Bénin à cela paraît cependant une leurre.

En effet, la stricte majorité des Béninois n’ont jamais été engagés à l’Etat béninois, ne se sont jamais sentis concernés par la gouvernance, ne reconnaissent même pas la « nation béninoise » . Les facteurs psychologiques et politiciens qui aboutissent à l’élection de tel ou tel présidents trouvent leur motivation dans les machines de communication largement soutenues par une puissance financière insoupçonnable.

Source : http://www.afrique-gouvernance.net/bdf_experience-739_fr.html
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Fiche Personne sur Africultures

Camille Amouro est l’un de ces auteurs africains qui ont fait le pari de rester sur le continent pour créer et promouvoir la littérature. Fondateur de la médiathèque des Diasporas, installée au coeur d’un bas quartier de Cotonou (Bénin), il a développé toute une série d’activités culturelles : une revue, une maison d’édition, une compagnie de théâtre, un festival, des expositions ?

Né à Boukombé le 26 juin 1963, il a fréquenté la faculté des lettres, arts et sciences humaines de l’Université nationale du Bénin qu’il a abandonnée au bout de trois ans pour se consacrer entièrement à la création et à l’animation. Homme de théâtre, auteur et metteur en scène, ses pièces (Goli, La Gourgandine qui a gesticulé ici vendredi, Conférence de presse du Premier ministre sur les tenants et les aboutissants de la nouvelle démocratie, ou La Femme du président?) ont été reprises de nombreuses fois en Afrique et en Europe et constituent des réflexions profondes portées par un humour ravageur sur le rapport au pouvoir et à la langue. Il a été couronné par la mention spéciale du jury pour le prix Afrique en création. Poète, il a publié entres autres Miagbadogo aux Éditions Camoura en 1988.

Critique, il a entamé une série d’articles sur les situations d’écriture en Afrique : « Entre la résignation et le refus, les écrivains togolais sous le régime Eyadema », étude sur les rapports entre la création et le pouvoir politique [1989], in Genève Afrique, Suisse, 1991, et Research on African Literature, Ohio, 1991 ; « La faillite de la culture intellectuelle au Bénin », essai publié en feuilleton dans le mensuel La Voix d’Emmaüs, 1994.

LIVRE
Archives
Dernières Nouvelles de la Françafrique
Recueil
Dernières nouvelles de la Françafrique est un recueil de nouvelles qui mêle littérature et engagement. À l’initiative de Raharimanana et de Soeuf Elbadawi, des voix africaines déchirent le voile de la Françafrique par le biais de la nouvelle. Magouilles, barbouzes, tortures et autres manipulations… Tout y passe. Treize auteurs nous donnent les Dernières nouvelles de la Françafrique pour montrer la réalité de ce qui se joue dans les États africains que l’on dit indépendants.
Camille Amouro est lié(e) à ce livre en tant que ecrivain/ne

SPECTACLE
Danse du Pharaon (La)
Théâtre
De Marcel Zang (Cameroun-France) avec sept comédiens et trois musiciens africains dirigés par Camille Adébah Amouro (Bénin) Kangni Alem, Naky Sy Savané, Carole Lokossou, Aminata Dao, Segun Olabissi, Isidore Dokpa, Jones…
Camille Amouro est lié(e) à ce spectacle en tant que ecrivain/ne

Source : http://africultures.com/personnes/?no=2831
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"Rita de Parakou et autres plaisanteries"

Camille

« Rita de Parakou et autres plaisanteries » est une œuvre de l’écrivain béninois, Camille AMOURO.

Ce livre peut être présenté comme une tétralogie dont : Rita de Parakou, Brenda Oward, Gogo La Renverse et Goli (une des plus célèbres pièces de théâtre qui fut au programme dans les lycées français de 1990 à 91).

Une publication à déchiffrer surtout en tant qu’étudiant pour améliorer sa stylistique tout en vivant surtout le côté humoristique des écrits de cet auteur qui s’est investi depuis 1990 dans la formulation du Salamè.

Quelques extraits ou résumés du livre

1.  Rita de Parakou (Résumé)

Rita de Parakou va avoir 40 ans et elle n’a pas d’enfant. Elle attend maintenant un homme qui ne viendra peut-être jamais. Elle est seule. La solitude ne lui pose aucun problème. Pourtant elle est tourmentée. Elle ne veut pas devenir la piété des amies, la honte des parents, la risée de toute la ville. Elle veut un enfant. Mais les garçons qui la trouvaient belle et douce se méfient maintenant. Voilà ce qui fait courir cette femme entre l’intimité sobre de son appartement et les rumeurs grouillantes de son quartier.

2.  Brenda Oward (Extrait)

Elie
C’est toujours la même émotion qui m’anime. Parce ce qu’il faut connaitre que le monde est beau. Qu’il fait chanter des symphonies. Qu’il fait découvrir des diversités. Et rêver. Autrement, qu’est-ce qui peut vous amener loin de vos repères, si ce n’est une histoire d’amour ?
Motolari
Avant la révolution, disons que tout le monde pensait, chacun, mais tous à la fois et tous à haute voix. Si bien que personne ne pouvait savoir ce que l’autre pensait. Alors, on disait de nous que nous ne pensions pas. On disait que nous étions l’enfant malade de l’Afrique. Et d’autres comprenaient : Quartier Latin de l’Afrique.

3.  Gogo La Renverse (Extrait)

L’acteur
Ici Candide fait son sport national quotidien : elle dort. Comme tous les jours. Comme toutes les nuits. Là sur le canapé… Et pour quelle raison Candide, elle, aurait besoin de tant de sommeil si les enfants de la Somalie, eux n’en ont pas besoin du tout ? …
Le Musicien
… le rat est dans un trou, pourtant ses yeux sont à la plage libre J’ai déserté Abomey pour Kana Pourtant mes yeux sont soumis à la demoiselle définitivement

4.  Goli (Extrait)

Lawin : Il est temps de faire revivre Goli.
Adjoua : Bonjour lawin. J’ai besoin de vous parler.
Lawin : Je vous écoute. Mais comment avez-vous su mon nom ?
Adjoua : J’ai un rendez-vous. Je préfère qu’on se rencontre ce soir. J’habite 13, Rue des collines. Maison Fileur.
Lawin : Moi j’ai un rendez-vous ce soir.
Adjoua : Vous avez une maitresse ?
Lawin : Je déteste les femmes grossières.
Adjoua : Moi aussi.
(Un temps)
Mais qui est femme grossière ?
Lawin : Votre rendez-vous, il ne tient plus ? Qui êtes-vous ?
Adjoua : On m’appelle Adjoua. Je suis célibataire.
Lawin : Et vous êtes en quête d’amant ? C’est dommage.Vous êtes en retard. Aller !

Source : https://www.asticmedia.net/news-8-livre-rita-de-parakou-et-autres-plaisanteries
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La Médiathèque des diasporas à Cotonou, espace de liberté et d’échanges

30 sept 2000, Bonaventure Assogba | Analyse

Camille photo

La Médiathèque des diasporas apparaît comme un lieu incontournable d’intense foisonnement intellectuel en marge de tout conformisme. Comme en témoigne ce rapide survol de ses activités, elle est un vrai baromètre des nouvelles tendances de l’art contemporain sécrété par l’imagination des Béninois.

Logée dans les entrailles d’un des monuments les plus emblématiques du Bénin, la Médiathèque des diasporas est ouverte du lundi au samedi à tout venant. Il suffit, en descendant à Cotonou de demander la route de l’aéroport ou l’avenue Jean Paul II et de s’arrêter à la Place des Martyrs. Deux grandes bâtisses situées aux pieds du monument vous accueillent. L’aile gauche vaste de 320 m² constitue la plus grande galerie d’art du pays tandis qu’à l’Ouest, la galerie des Médias grâce à sa superficie de 250 m² est un foyer bouillonnant de la vie culturelle et intellectuelle. Mis en service en 1998 après de grands travaux de remise à neuf des lieux laissés à l’abandon, la galerie des arts a abrité des expositions de peinture, d’art plastique, de photographie et de livres dont l’audience dépasse les limites du Bénin. Des oeuvres d’artistes locaux comme expatriés peuvent se côtoyer ou se relayer.

Inaugurée en mars 1999, l’aile Ouest qui constitue la galerie des Médias est le siège de toutes les ébullitions. Dans cet espace qui abrite la bibliothèque Sylvain Bemba riche d’un fonds documentaire de plus de trois mille ouvrages, la salle de lecture de la presse quotidienne et la vidéothèque, on note également le bouillant coin des jeudis bleus : une rencontre hebdomadaire entre créateurs, intellectuels et communicateurs. Il s’agit d’une tribune de lancement d’une oeuvre, d’une création ou d’un débat sans complaisance autour d’une idée.

Le forum, rencontres semestrielles entre personnalités du monde scientifique, culturel ou politique pour discuter, anticiper et présenter des projets est une autre invention de la Médiathèque des diasporas. Le fruit de ces réflexions est consigné dans la Lettre des diasporas devenue la Nouvelle lettre des diasporas, et dans la presse béninoise.
L’idée de départ de Camille Amouro, directeur de la Médiathèque des diasporas, lors de sa création en 1993 : » créer un lieu où l’on puisse déposer ou obtenir des informations sur le folklore du Bénin, ses sites, ses créations contemporaines, sa technologie « , est largement dépassée. Aujourd’hui, on réfléchit à la Médiathèque des diasporas, mais on s’y détend aussi sur sa terrasse grâce à l’escale des diasporas, un bus de restauration rapide.

L’idée que toute culture est en devenir, qu’il n’y a pas de tradition sans apports successifs des modernités remarquables et que la modernité est toujours le fait d’hommes qui la pensent, fait son petit bonhomme de chemin. Ainsi, la culture semble indissociable de la communication. Celle-ci est perçue comme les pieds de celle-là. Voilà pourquoi, loin d’être une simple exposition, la Médiathèque des Diasporas accorde une place de choix à la parole et au regard. Tout ce qui s’y passe est prétexte au débat sur notre modernité. Et il n’y a pas de sujet tabou.
Plusieurs personnalités de la littérature et des arts, du monde entier, y ont laissé une empreinte dont la presse est un relais incontournable. Mme Alioune Diop de Présence Africaine, Paul Dakeyo, Tierno Monénembo, Nouréini Tidjani-Serpos, etc., tous écrivains, mais aussi, Sébastian Lopez de la Gate Foundation, à Amsterdam, Monique Blin du Festival international des Francophonies, Mr Imagination, artiste noir américain ou le directeur des Beaux-arts d’Abidjan, Mr Coulibaly. Certains ont donné une conférence, d’autres ont fait des démonstrations ou inauguré un volet particulier de l’espace.

Camille photo

Ce qu’il faut noter, c’est le lien particulier que La Médiathèque des Diasporas fait entre médias et arts, à chaque événement. Ainsi, l’inauguration de la Cité des Diasporas, annexe de la Médiathèque, s’est faite sur le site d’une radio communautaire, à deux cents kilomètres de Cotonou, avec la présence de Monique Blin, de son remplaçant, du directeur du bureau des échanges internationaux du ministère français de la culture, mais aussi, de la presse béninoise qui ne s’explique toujours pas pourquoi la structure devrait fonctionner avec zéro franc de subvention. Ce lien entre l’art et les médias ne fonctionne pas en terme de couverture d’événements, mais en terme d’implications réciproques. La presse participe directement aux activités. En retour, la médiathèque met à disposition des ouvrages de formation, offre des excursions pour la connaissance du Bénin, met à jour un répertoire d’artistes et d’événements, et met en contact les artistes et les journalistes.

Pour l’écrivain Camille Amouro, en Afrique et peut-être ailleurs, l’observation d’une culture conduit inévitablement à l’observation de ses médias. Et les rêves que portent les peuples à travers l’expression de leurs artistes et de leurs intellectuels ne peuvent se concrétiser que par la détermination d’individus capables de se jeter au feu pour sauver la cité de l’incendie. Les média sont le témoin et le réceptacle de ces rêves.

Son rêve à lui – exprimé à l’occasion d’un débat télévisé que j’organisais en 1993 avec Barnabé Laye, Paulin Jachim, Christiane Diop et Paul Dakeyo – c’est la création en Afrique par les Africains d’un établissement culturel public ouvert sur le monde pour tous : locaux et expatriés au Bénin. Et ceci sans compter sur l’aide occidentale et sans s’en remettre à l’assistance des missions de coopération en tout genre. Ainsi, longtemps rêvée et ruminée, la Médiathèque des diasporas devenait, dès la même année, réelle, physique et surtout visitable.
D’abord érigée dans la propre maison de l’auteur, elle a transité par une cohabitation avec une ONG internationale avant de s’installer définitivement à la Place des Martyrs. Contrairement aux apparences, l’Etat ne lui est d’aucun secours. Et parfois fatigué, il aurait eu des tendances au découragement sans l’oeil vigilant du public.

Bonaventure Assogba est réalisateur TV – ORTB
Source : http://africultures.com/la-mediatheque-des-diasporas-a-cotonou-espace-de-liberte-et-dechanges-1532/
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Le pasteur et le gendre de la sorcière

Les conversations contenues dans ce récit ont eu lieu dans la nuit de la pleine nuit, au treizième mois du premier grand délestage continu au Bénin. Cette nuit-là, dans notre quartier, la grande finale du tournoi interclubs d’Aji devait opposer le plus ancien de nos joueurs, Le Directeur, au champion interclubs de la saison précédente : Adékambi.

Les habitants du quartier s’étaient habitués à la saison des pluies qui n’arrêtait pas de se prolonger depuis une année au mépris des habitudes et autres prévisions scientifiques. Le chant des coqs en pleine journée ne les inquiétait plus. Ils se résignaient désormais face à tant d’appareils électroménagers endommagés par la surtension qui marquait souvent la remise du courant électrique. Aucune précaution n’était disposée à contourner le danger. Alors, pourquoi s’inquiéter quand il n’y a pas de solution ?

Le volume déployé du poste de télévision du transitaire de la maison voisine n’irritait plus personne. Tout le monde connaissait par cœur le programme des quatre chaînes : les activités du chef de l’État ponctuées par des marches de soutien. Il en était à son quatrième poste depuis le début du délestage, le petit, et il fallait bien qu’il rentabilisât son investissement. Décidément, on s’habitue à tout dans notre quartier. Même aux ronflements de Maria Louisa ou aux va-et-vient de Donatien rouspétant des heures durant, son poste radio collé à l’oreille, pour s’empêcher d’entendre tant de bruits qui compromettent son sommeil.

Nous nous étions habitués même aux hurlements faussement jouissifs de la voisine Inès en plein midi. Ils n’étaient plus décriés comme un dévergondage de nature à atteindre la morale de nos enfants. La plupart des gars étant déjà passés, la clientèle diminuait et, par ricochet, ces hurlements se faisaient plus rares.

Pourtant, dans le quartier, des interrogations fusaient sur la transition des mœurs. Pourquoi les revenants sortaient-ils maintenant, des fois, en pleine nuit ? Pourquoi parcouraient-ils la ville pour quémander et tombaient parfois au vu et au su de tout le monde ? Pourquoi les touchait-on désormais sans aucune conséquence ? Pourquoi parlaient-ils français en plein spectacle et pourquoi eux, qui incarnaient naguère le respect de la morale, pouvaient désormais se rendre complices de vols de téléphones portables ?

Sud-Bénin, Nagô, bòcyɔ́ avec les noix de kola d’Ifa
Camille photo

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Source : https://journals.openedition.org/etudesafricaines/10992
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~ 05 ~

~ La presse ~

«L’économie est culturelle»

Camille Amouro propose ici un extrait d’un rapport qu’il a produit au Ministère de la culture, de la jeunesse et des sports, en novembre 2006 sur une imminente augmentation de la production par trois types de réglementations : la réforme fiscale, la réforme foncière, la réforme de la vision et de l’administration de la culture. Malheureusement, dans ce rapport, seule la proposition concernant l’instauration d’un service civique volontaire pour une alphabétisation totale a été prise en compte avant d’être détournée de son cadre, par le gouvernement. D’autres extraits sont attendus dans cette tribune. Les pays émergents ont une caractéristique commune. Leur développement économique est indissociable à un ancrage dans leur propre culture. Ils ont préservé leurs noms, leurs langues, leurs religions traditionnelles, leurs façons de s’habiller, leurs fêtes, leurs arts culinaires, leurs habitats. Il y a des ouvertures, certes, dans chacun de ces domaines. Par exemple, l’Anglais est relativement parlé dans tous ces pays qui comptent quelques buildings dans le style occidental et où, quelques fois, certaines minorités s’habillent en costumes occidentaux et pratiquent des cultes d’inspiration occidentale.

Rétrospectivement, l’ère Meiji a propulsé le Japon dans sa puissance économique actuelle, dans les mêmes conditions culturelles. En revanche, sur la dizaine de fêtes traditionnelles officielles au Bénin, seules deux peuvent être considérées comme béninoises. Ces deux fêtes ne correspondent à aucun événement traditionnel béninois : le 1er août, jour de l’indépendance, par la volonté de Charles de Gaulle, et la fête du vodun dont la date a été arbitrairement imposée, sans évoquer une réminiscence collective particulière. Au-delà de la logique élémentaire qui comprend difficilement que les Béninois fêtent les dates des autres et qu’aucun des autres ne fête les siennes, cette situation pose des problèmes culturels et économiques sur lesquels il convient de s’arrêter.

La plupart des prénoms sont d’origine étrangère. L’habitation traditionnelle, au lieu d’être améliorée a été purement remplacée par du béton, sans aucun souci esthétique. Les tenues vestimentaires d’apparat officielles n’ont aucune inspiration locale. Dans les galas officiels, les mets servis et la manière de les manger, sont loin de refléter nos réalités. Bref, culturellement, le Bénin et les autres pays sous-développés se situent à l’antipode des pays émergents. Cette coïncidence entre la culture des pays émergents et leur décollage économique n’est pas un hasard. Autrement, qu’est-ce qui justifie a contrario la coïncidence entre le sous-développement et l’aliénation culturelle ? Il n’y a pas, d’un côté, la culture et de l’autre, l’économie. La culture n’est pas un domaine. C’est la totalité des domaines de l’activité humaine, donc de l’économie. Les cultures traditionnelles, partout, ont adapté les besoins de l’individu aux produits disponibles sur place, dans la mesure du possible.

Le lien entre la culture et l’activité productrice est évident. Imaginons la moitié des Béninois s’habillant à la mode béninoise, avec du tissu fabriqué au Bénin, des ouvriers béninois, des artisans béninois. Cet acte culturel serait aussi normal qu’une Thaïlandaise en robe de soie ou un Anglais en nœud papillon. Evaluons ensuite le nombre d’emplois ainsi créés dans la production des matières premières, dans leur transformation, dans l’artisanat…, le montant des frais d’importation économisés et leur impact sur la balance commerciale, le montant des exportations possibles et leur impact sur la balance commerciale, l’impact de toute cette chaîne sur la créativité des Béninois et les possibilités que celle-ci induit…

Le Burkina Faso a, à une étape de son histoire, pris des options fort sérieuses en ce sens. Malgré la maladresse de l’approche et la solitude de la mesure par rapport à la chaîne des comportements, le résultat a été éclatant. Il faut dire que le Ghana et quelques zones du Sahel étaient déjà pionniers quand on se limite au domaine de l’habillement. Imaginons ensuite que le Bénin dispose d’une véritable convention d’urbanisme qui impose des types de façades à des architectures spécifiques selon les zones. Imaginons que ces façades sont inspirées de nos réalités historiques ou de notre architecture traditionnelle et que l’espace urbain est organisé, dans chaque zone compte tenu du type de communication intergénérationnelle inhérente. Calculons ensuite l’impact économique sur l’emploi et la transformation des matériaux locaux, l’impact sur la créativité des architectes, décorateurs et urbanistes, l’impact sur la recherche scientifique, l’impact sur la santé et le développement… Imaginons que dans la majorité des foyers, la moitié des récipients soient ceux fabriqués sur place et utilisés traditionnellement, qui peuvent ne pas être, ni moins beaux, ni moins usuels… Evaluons la capacité à la modernisation de la fabrication de ces récipients, l’évolution de leur esthétique, l’économie générée par rapport aux récipients importés et l’impact sur la balance commerciale…

On pourra multiplier les exemples. Pour en revenir aux fêtes, elles reflètent une culture et combinent la majorité des façons de vivre et des façons d’être. Les fêtes du Bénin reflètent tout simplement une perte d’âme des Béninois, assujettis, plus que jamais, à l’importation de valeurs externes et dépendant donc de produits externes conçus pour ces valeurs. La réduction des importations de produits culturels, en rééquilibrant la balance commerciale, favorise l’augmentation de la production, développe la créativité compte tenu des réalités actuelles, modernes, et peut ainsi insuffler une meilleure politique fiscale. Dans ce cercle vertueux où l’inflation est maîtrisée, de petites et moyennes industries sortent du secteur informel et, de plus en plus grandes et nombreuses, vont conquérir des marchés régionaux et internationaux. Il est important de noter qu’en y intégrant certaines denrées alimentaires, le poids financier des produits culturels est loin d’être négligeable au regard de l’ensemble de la chaîne de production et de consommation. Globalement, il peut passer de la troisième à la deuxième dépense des ménages moyens normaux.

Les dépenses culturelles correspondent aussi bien aux équipements, qu’aux sorties, aux cérémonies et aux vêtements. Les équipements, c’est la télévision, la radio, les appareils électroménagers, les récipients et divers couverts, la vidéo, les meubles, l’ordinateur, les livres, disques ou cassettes… Ces dépenses ont aussi un impact sur le coût du logement, celui-ci intégrant la consommation électrique. Bien qu’étant des besoins fondamentaux, les vêtements sont classés ici parmi les besoins culturels. En effet, outre le besoin de se protéger des intempéries, l’habillement dépend du climat, de la région et de la communauté à laquelle l’individu appartient. Dans les familles plus modestes, la garde-robe est réduite aux tissus de funérailles et autres cérémonies. L’habillement est ainsi indissociables des sorties et autres cérémonies. La cuisine intègre aussi l’appartenance à une communauté. Ainsi, alors que le pain et le café font partie des habitudes urbaines depuis peu, remplaçant « la pâte couchée » et l’infusion d’écorces de caïlcédrat ou de quinquélibat, dans certains pays anglophones, le petit déjeuner est demeuré traditionnel, y compris dans de grands hôtels : les buffets se composent aussi bien de thé ou café que de bananes frites, du haricot bouilli ou du piron. De même, à Cotonou, le spaghetti remplace l’igname frite et le beignet de haricot, la bière le cakpalo, le Gin, le Sodabi… D’ailleurs, dans tous les pays, la cuisine est considérée comme un art, donc comme un élément de culture.

Source : https://lanouvelletribune.info/2008/07/reflexion-5/
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~ La presse ~

Entretien avec Camille Amouro : Le peuple ne peut pas être innocent


A l’occasion du démarrage des répétitions de sa pièce Brenda Oward, nous avons rencontré Camille Amouro pour lui poser quelques questions sur le sens de sa démarche. Par la suite, il abordera avec nous certain détail de ce salame en cinq journées.

Camille Amouro, vous venez d’écrire Brenda Oward, un salame en cinq journées. C’est une critique acerbe de la société béninoise et de ses mœurs. Cette pièce sera montée et présentée au prochain FITHEB. Par une compagnie française. Comment concevez-vous que des artistes d’origine non béninoise comprennent notre société au point de nous renvoyer le miroir ?
D’abord, cette pièce n’était pas destinée au FIRHEB. C’est une commande pour un théâtre dans la région lyonnaise. La création devait se faire en mars, alors que le FITHEB a lieu en février. Je n’avais pas envisagé qu’elle pourrait être présentée à ce FITHEB-ci. C’est d’ailleurs la presse qui m’a d’abord informé de sa programmation avant que le commanditaire me le confirme. Ceci dit, je crois qu’il est intéressant de le voir ici. Lorsque vous écrivez une pièce, vous ne focalisez pas sur un public en particulier. Vous vous exprimez. Et plus votre parole paraît universelle, mieux vous vous sentez. Mon objectif à aucun moment n’a été de critiquer la société béninoise. Je crois que je fais suffisamment dans mes chroniques.


Quel était votre objectif ?
Mon objectif a été de présenter l’individu humain dans sa complexité et sa brutale solitude à l’intérieur des institutions ringardes où il doit s’assumer. Ainsi, ce salame se déploie dans plusieurs cadres. D’abord à la frontière du Libéria, en pleine guerre, en 1993, ensuite au Bénin en 2005, puis en France en mars 2006. Chacun de ces cadres présente des aspects structurels parfois dérisoire. J’ai voulu insister sur la part de dérision de ces lieux, de ces périodes, à partir d’histoires vraies et vécues.


Mais la part béninoise prend une grande proportion…
Normal. Je suis béninois, je vis au Bénin et j’ai écrit la plus grande partie de la pièce dans ma demeure à Porto-Novo. Si mon objectif n’a jamais été de critiquer la société béninoise, il ne reste pas moins que lorsqu’un personnage évolue, il trace sa destinée. S’il est du Bénin, il se déploie au Bénin et le travail de l’auteur peut consister à rester vigilant pour ne pas donner une image vulgaire de la réalité où il vit. L’auteur, me semble-t-il, doit avoir la vigilance de renvoyer sa propre convulsion des choses qu’il voit et qu’il ressent. Voilà pourquoi je refuse de m’autocensurer à la pensée que des occidentaux vont lire et même interpréter cette pièce. Il n’y a rien que j’ai écrit dans cette pièce qu’ils ne sont pas capable de voir dès qu’ils débarquent. De même, tout ce que j’ai écrit de la France ou du Libéria, je l’ai vécu au même titre que mes personnages.


Vous auriez tout de même pu monter cette pièce ici, pour les Béninois…
Non. Je vous dis que c’est une commande. Cela veut dire que je suis payé pour l’écrire. Franck Taponar, le metteur en scène, me l’a commandée en début d’année. Il m’a dit : il y aura deux acteurs (un Français blanc et un Béninois), un musicien et un graphiste. Je te laisse le choix du sujet. Je lui ai envoyé le projet d’un salame en cinq journées dans lequel un Français ordinaire visite le Bénin et rencontre un zemijan. Les deux racontent chacun l’histoire de l’autre à un public français. Voilà. Mais depuis 1993, l’influence de ce que j’ai vu et vécu au Libéria est récurrente dans mon écriture. Alors, Brenda Oward s’est infiltrée par là.


Qui est Brenda Oward ?
C’est une jeune fille que j’ai rencontrée devant mon hôtel à Danané, en Côte d’Ivoire, et avec qui j’ai eu une petite conversation. Elle venait de perdre tout ce qu’elle avait sur terre (parents, amis, biens) et elle se retrouvait, à vingt ans, dans la même situation que quelqu’un qui venait de naître et à qui tout paraissait étranger.


Quel est le rapport avec les deux personnages de votre projet ?
Chacun d’eux vit la même situation dans des contextes différents. Elie, le blanc, au Bénin où il ne connaissait personne, Motolari, le noir, qui est d’une culture mixe et qui s’est autoproclamé fou pour assumer sa solitude.
Vous écrivez d’ailleurs : « Depuis que j’ai acquis mon statut de fou, j’ai la permission de penser, la liberté de réfléchir. Je les ai bien eu sur ce coup. C’est un luxe sans grande importance, mais quand on ne l’a pas, cela vous manque jusqu’aux entournures. Or, notre histoire ici est une fatalité de ridicule. Trois étapes en tout et pour tout : avant la révolution, avant le renouveau démocratique et avant le chaos. Mais il est interdit de penser le chaos, même si les ingrédients préparateurs vous tapent à l’œil. Alors, on préfère dire depuis l’avènement du renouveau démocratique. Cela ne gêne personne et personne ne vous en veut. »
Oui. Et j’écris juste avant, dans la bouche d’Elie : Disons que globalement, notre histoire est relativement récente et ne comporte que deux périodes : avant la fracture sociale et après la fracture sociale. Mais, franchement, pour nous, cela revient à considérer la corde autour du cou du mouton ou le cou du mouton dans la corde. Il y a toujours le mouton, son cou et la corde autour. (Soupir). Ces derniers temps, j’ai décidé de compter dans la vie. Pour moi-même et pour quelques autres, fussent-ils d’autres restes du monde. Et je suis parti sur d’autres territoires. Je me suis perdu des fois. Mais maintenant, je reviens morceau par morceau.


Dans votre satire sur le Bénin, vous semblez banaliser la part des politiciens. A part cette séquence dont la suite revêt d’ailleurs des allures pessimistes puisque vous prédisez le chaos, vous êtes revenu une seule fois sur les politiciens en écrivant : « le rôle d’un gouvernement dans ces pays-là, c’est de soutenir la position française à l’ONU ». Le peuple est-il responsable de son mal être d’après vous ?
Oui. Ici comme ailleurs, le peuple ne peut pas être innocent. Il n’en a pas l’autorisation. Il est responsable des dirigeants qu’il élit librement, ou qu’il assume dans la résignation. Et puis, ne nous leurrons pas ! Toute la pagaille actuelle arrange bien des gens. C’est pour cela qu’elle perdure. On a comme l’impression d’une conspiration souterraine où les uns sont arrangés par l’immobilisme et la paresse des autres. Pour moi, le vrai démocratique, ce n’est pas les élections. C’est de déterminer d’abord les valeurs que nous revendiquons collectivement et dans quelle mesure les garantir. Après seulement, nous choisirons qui peut les garantir parce que nous saurions clairement pourquoi nous les choisissons.
La téléphonie, la santé, l’éducation, l’électricité et l’eau, le train de vie des citoyens, l’habitation, la hausse des prix, la politique démographique, les carburants, les relations avec l’extérieur, le mariage… tout y passe. Et vous semblez définitivement pessimiste en citant l’Ecclésiaste : « celui qui augmente sa sagesse augmente sa douleur ».
L’Ecclésiaste n’est pas un livre pessimiste. C’est un livre de sagesse. C’est la conclusion à une vie dense, pieuse, intense, riche. Je ne peux pas en dire autant de tous les livres. Et le passage que j’ai cité intervient en chute comme pour dire sois imbécile et tu seras heureux. Franchement, quand nous nous observons dans cette ville de Cotonou, est-ce que nous sommes frappés par autre chose ?


Votre pièce sera présentée en pleine campagne électorale. Etes-vous candidat ou avez-vous déjà un candidat ?
Je n’en ai aucun. Et je ne pense pas que j’irais voter. Sauf si entre temps quelqu’un arrive à me convaincre par un discours destiné effectivement au peuple. Je suis du peuple. Et j’ai envie d’entendre des propositions terre à terre. Style : qu’est-ce qu’on fera pour les parents qui continuent de manquer du respect à leur progéniture ? Les dames qui remplissent leur salons et ne travaillent qu’avec leur bouche pour appeler telle ou telle petite filles qu’elles emploient au lieu de les envoyer à l’école ou en apprentissage. Les patrons qui paient moins du smic à leurs employés, les hommes qui considèrent leur épouse comme une propriété privée de moyen de production… toutes les questions de tous les jours que nous feignons d’ignorer en prétendant gouverner le Bénin. Dernièrement, un monsieur m’a aborder pour faire campagne. Je lui ai demandé, si tu découvres que ton épouse te trompe avec un autre, qu’est-ce que tu feras ? Il m’a répondu : je tue le monsieur avec qui il me trompe et je la renvoie ensuite. Je lui ai répliqué qu’il n’est pas un démocrate. On aura l’occasion de continuer cet entretien.


Propos recueillis par Yves-Patrick Loko

Source : http://bamigbade.blogspot.com/2009/05/entretien-avec-camille-amouro-le-peuple.html?m=0
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